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Nothomb, Amélie
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En lisant ce roman en français, qui m'est une langue étrangère, j'ai certes pu éprouver cette oeuvre d'une façon différente. Je pense que cette histoire n'est pas du tout un remake de celle de Quasimodo et Esméralda juste un peu plus moderne. Il s'agit d'une beauté sublime mais fatale, ensorcelante mais avec des cornes, une beauté qu’assassinent exactement ses propres cornes. À part cela, il s'agit d'Epiphane, un personnage tout rare, même unique, et courageux, qui est le mieux décrit par ce paragraphe que je tiens comme l'essence de cette oeuvre : « Nous sommes de la race de ceux qui veulent le meilleur et refusent le reste : nous avons sans doute peu de chances d'obtenir ce que nous désirons mais cela ne change rien à notre désir. Nous aspirons au sublime et tant pis pour ceux qui nous trouvent débiles. » À la fin du livre, Epiphane commence à écrire (plus probablement sur elle) - en effet, il l'a tuée mais son admiration envers elle va créer une légende immortelle, son amour est toutefois noble. Il s'agit donc d'une sorte de sacrifice au nom de l'amour.
J'ai trouvé dans le livre quelques pensées cruciales sur l'esthétisme, j'en cite une :
« Si la beauté cesse d'être subjective, elle ne vaut plus rien. »
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Slumpy
(première critique)
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Genre : Fiction
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| | Date :
1/1/2007
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Nothomb, Amélie
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Epiphane Otos, âgé d'une vingtaine d'années, est la figure emblématique de la laideur. Il est repoussant et jouit des choses les plus ignobles. C'est un homme qui a le don des mots, il dispose du sens des mots et de leurs effets poétiques.
Depuis l'âge de six ans, ses camarades l'appellent « Quasimodo » et les gens se retournent sur son passage avec des moues écoeurées, voire effrayées. Cependant, on note que le personnage s'examine avec une certaine ironie : « Mon visage ressemble à une oreille. Il est concave avec d'absurdes boursouflures de cartilages qui, dans le meilleur des cas, correspondent à des zones où l'on attend un nez ou une arcade sourcilière, mais qui, le plus souvent, ne correspondent à aucun relief facial connu » et trouve des avantages à être aussi hideux : « Et puis il y a une volupté à être hideux. Par exemple, dans la rue, lorsque je scrute les visages des passants, j'adore entrer dans leur champ de vision, voir la terreur de l'un, la moue révulsée de l'autre... ». On peut dire que quelque part, Epiphane se crée un statut de martyr, statut qui, en réalité, lui permet de jouir de son état malgré les souffrances qu'il endure.
Epiphane se révèlera être un personnage cynique, méprisant la normalité. Il fait preuve d'une forte agressivité envers cette norme, il la conteste. Tout le récit laisse transparaître l'agressivité qui est la sienne vis-à-vis de ce statut de ni beau, ni laid. Il mène une sorte de guerre qui est celle de la laideur, du dégoût. D'un autre côté, il occupe une position contraire, il est le premier défenseur de l'absolue beauté, d'un idéal de perfection esthétique, qu'il trouvera d'ailleurs à travers le personnage d'Ethel. Son rôle ici est d'expliquer et de concrétiser sa théorie sur la beauté et d'amener le lecteur à une réflexion sur une notion de beauté et d'esthétisme. Il est clair qu'Epiphane s'écarte de la règle commune, de la norme sociale admise et il en souffre.
Honnêtement, au début, ce livre ne me plaisait pas particulièrement, je pense que c'est dû au fait que la fin est tragique. Mais lorsque j'ai dû l'étudier pour les cours et que j'ai mieux compris le personnage, j'ai adoré. J'en ai tiré une leçon et je souhaite vous la faire partager : on croit souvent comprendre les personnages, seulement c'est souvent quand on les trouve cons qu'ils sont géniaux.
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Sisou
(première critique)
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Genre : Fiction
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| | Date :
11/1/2004
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Nothomb, Amélie
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Un soir qu'elle était seule chez elle, sans rien de bien passionnant à la télé, sans amant sous la main ;), Amélie Nothomb s'est dit qu'elle allait occuper sa soirée avec un livre. Oui, mais lequel? (Grande question angoissante que tout lecteur s'est déjà posée maintes fois). La Chartreuse de Parme? Elle l'a déjà lu cinquante fois. Alors quoi? Peut-être Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Le lendemain matin, très tôt, parce qu'elle écrit tôt le matin emmitouflée dans une couverture avec une tasse de thé très épais, la miss Nothomb s'est dit qu'elle pouvait bien tirer un livre de sa soirée de la veille. Le résultat : Attentat. Attentat, c'est l'histoire de Quasimodo et d'Esméralda. Ici, les noms sont plus originaux, marque de fabrique de la nippo-belge, et Quasimodo devient Epiphane Otos, Esméralda devient Ethel. Epiphane se vante d'être l'homme le plus laid de la Terre, et à en croire ses descriptions, personne n'irait remettre en cause ce titre. Esméralda, est-il besoin de le préciser, est la femme la plus belle du monde (décidément, c'est une manie!). Epiphane décide un jour de profiter de son corps, et va faire la rencontre d'Ethel. On pourrait croire qu'elle va le rejeter. Mais non, sa pureté morale est telle qu'elle ne s'arrête pas à son physique, et se lie d'amitié avec lui, qui bien sûr, va se consumer d'amour. Et quand la belle Esméralda tombe amoureuse d'un bellâtre (quiconque y verrait une ressemblance avec l'Esméralda de Victor Hugo ne serait sans doute pas loin de la vérité), Epiphane se lance dans une tentative désespérée pour montrer son amour. Autant le dire franchement, l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère. Elle reprend, sans pour autant faire un plagiat, l'oeuvre de Victor Hugo, et la modernise. Et y rajoute sa petite pointe personnelle, pointe franchement dénuée de « politiquement correct » lorsqu'elle s'y met. Oui, Quasimodo est un « salaud ». Il aime une femme pour son physique alors qu'il n'attend d'elle qu'un amour fondé sur son âme. Oui, les gens sont tous des hypocrites. Chacun s'évertue à dire qu'il faut regarder l'âme, que la beauté n'est qu'intérieure, etc., mais sont mis au pilori ceux qui ne remplissent pas les normes de la beauté. Normes que l'auteur s'amuse à descendre en flèche au fur et à mesure de ses développements. Et en quelques 200 pages, même si elles sont écrites de manière assez aérées (c'est du Albin Michel), Amélie Nothomb a le temps de passer en revue pas mal de sujets : la sexualité des « moches », l'hypocrisie, la littérature, et le tout avec un style incomparable, mélange d'humour, de cruauté, de sadisme et de génie. C'est dans ce livre que l'on trouve une scène dont l'auteur aime bien nous raconter la façon dont elle l'a écrit : le taureau qui étripe la vierge dans une arène. Elle aime raconter l'extase qu'elle ressentait à écrire cette scène assez violente. L'entendre raconter est une chose assez spéciale, la lire aussi. Une petite bombe pour un attentat littéraire.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Fiction
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Édition : Albin Michel, 200 p.
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| | Date :
5/1/2002
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