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Ellis, Bret Easton
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Le retour d'un jeune narrateur à Los Angeles fait entrer dans une revue de papier
glacé, peur diffuse en plus, où le lisse des personnages interchangeables témoigne du vide des
personnalités. Échantillon des communications :
« Il frotte sans arrêt les lèvres et quand je comprends qu'il n'a pas l'intention de me répondre, je lui demande ce qu'il a fait.
"C'que j'ai fait?
- Ouais.
- Zoné.
- Zoné où?
- Où? Dans le coin. Passe-moi donc le joint là-bas sur la table de nuit. »
Le narrateur a plus de consistance :
« La maison est pleine de jeunes garçons qui semblent occuper toutes les pièces et paraissent interchangeables : corps graciles et bronzés, cheveux blonds coupés courts, yeux bleus au regard vide, mêmes voix atones, et je commence à me demander si je suis exactement comme eux. J'essaie d'oublier ça, je me sers un verre... ».
Des souvenirs rapportés en italique retracent ses réactions passées :
« Le metteur en scène a parlé de la mort d'un cascadeur sur le tournage d'un de ses films. Il a raconté comment il avait loupé son coup. Comment il était tombé sur le trottoir en contrebas.
"C'était un garçon formidable. Il n'avait que dix huit ans."
Mon père a ouvert une autre bière.
Mon grand-père a baissé les yeux, il semblait triste. "Comment s'appelait-il?", il a demandé.
"Quoi?" Le metteur en scène l'a regardé.
"Comment s'appelait-il? Quel était le nom de ce gamin?"
Il y a eu un long silence. Je percevais seulement le vent du désert, le bourdonnement du
chauffage du Jacuzzi, le bruit de vidange de la piscine, Frank Sinatra qui chantait « Summer Wind », et j'ai prié pour que le metteur en scène se rappelle ce nom. Bizarrement, cela me paraissait très important. Je désirais désespérément que le metteur en scène se souvienne de son nom. Le metteur en scène a ouvert la bouche et dit : "J'ai oublié." »
Tous les autres personnages vivent un présent ponctuel, dans une attention dispersée
par les jeux vidéos, la chaîne MTV ou les produits planants. Tout semble vécu avec le même
détachement. Le lecteur est le premier à prendre conscience d'un cauchemar où les personnages s'engluent dans l'horreur et la mort.
J'avais apprécié American psycho pour la description au scalpel du milieu des
yuppies, et j'ai été impressionné par la maîtrise de Brett Easton Ellis. Reprochera t-on au
roman miroir de « refléter la boue du chemin »? La vision inquiétante qu'il projette ici fait frissonner. Le maître du miroir a un sacré talent!
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Alain Rotko
(54 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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Ellis, Bret Easton
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C'est difficile de parler de ce roman.
Sa lecture vous arrache des « Oh! », des « C'est pas
possible », des « Je ne peux pas le croire! », des « C'est
affreux! » et j'en passe, et des bien pires!!!
Moins que zéro n'est pas une lecture « plaisir ».
Moins que zéro n'est pas une lecture « divertissement ».
Le narrateur, un fils à papa bourré aux as et bourré de
coke jusqu'aux yeux, vous entraîne dans son quotidien doré,
certes, mais absurde, douloureusement absurde.
Tout le monde à Los Angeles est beau, riche, bronzé et
drogué. C'est un monde où les stars et starlettes pullulent, où à
dix-huit ans votre papa vous offre, selon sa fortune, une
Mercedes ou une Ferrari, où tout le monde se fiche comme
d'une guigne de son prochain, où tout le monde s'ennuie à
mourir. Les drogues, le sexe, la violence semblent constituer pour
tous les acteurs de cette communauté richissime les seuls
échappatoires à l'ennui mortel qui les étouffe.
Moins que zéro est absolument terrible.
Moins que zéro est cauchemardesque.
Los Angeles est un enfer.
L'Amérique, le monde se portent bien mal.
Et le pire dans tout cela, c'est qu'à aucun moment le
lecteur n'a l'impression que l'on touche véritablement le
fond, en dépit des expériences extrêmes décrites et
racontées par le narrateur, témoin du pire, participant
parfois au pire...
Le pire est toujours en devenir.
Il n'est jamais atteint.
C'est vertigineux.
J'ai « aimé » Moins que zéro.
Moins que zéro m'a dérangée, m'a mise mal à l'aise.
Moins que zéro m'a décrotté les yeux.
Moins que zéro m'a donné à voir ce que je ne soupçonnais
même pas... Mais je suis peut-être naïve!
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Chris Cougar
(24 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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ajoutez votre critique |
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Ellis, Bret Easton
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Clay est un jeune homme de famille riche qui rentre passer chez lui un mois
pour profiter des vacances universitaires. Il retrouve ses anciennes
connaissances.
Portrait d'une jeunesse bourrée de fric, de cocaïne, de sexe et de MTV.
Portrait d'une jeunesse oisive. Portrait d'un monde que l'auteur semble bien
connaître (les années quatre-vingt ont l'air d'être la spécialité de
l'auteur), ou qu'il a très bien assimilée. À jeunesse oisive, livre oisif si
je puis dire. En effet, il ne se passe rien de notable tout au long des
250 pages. Le narrateur nous raconte ses errances dans L.A. Il nous fait part
parfois de ses réflexions, mais jamais de manière bien profonde. Minimalisme
des répliques, minimalisme des réflexions. La simplicité du style (tout
comme dans American Psycho) traduit bien cette frange de la population qui
ne paraît pas se poser de questions.
On peut être dérouté à la lecture du livre. Et j'avoue m'être posé la
question suivante : le livre est-il bien ou pas? Singulière question. J'ai
eu bien du mal à finir le livre. Aucune action, une réflexion de la part des
personnages plutôt limitée... Et pourtant, je crois que le livre est bon. En
effet, si l'auteur a voulu dénoncer une certaine partie de la jeunesse,
celle qu'il présente dans le livre, alors le style du livre correspond en
beaucoup de points au style de ladite jeunesse. Et c'est là la force du
livre.
À lire par curiosité, même si, personnellement, l'histoire ne m'a pas
emballé.
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Cédric Blanchard
(308 critiques, cliquez pour les voir)
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Genre : Mystère et Policier
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| | Date :
avant 2001
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Livre(s) de Bret Easton Ellis critiqué(s) sur le Guide
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