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Camus, Albert
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Ce tout petit livre me paraît très important dans l’œuvre de Camus. Il prononce ce discours lors de la remise de son Nobel.
Dans les premières lignes il s’étonne d’avoir reçu ce prix alors que son œuvre est encore tout à fait « en chantier » D’autre part, dit-il, il reçoit ce prix alors que ses deux patries sont dans les plus grandes difficultés (la guerre d’Algérie bat son plein).
Il nous parle ensuite du rôle de l’écrivain et selon lui, celui-ci ne peut que se mettre au service de ceux qui subissent l’histoire. L’écrivain ne peut être qu’au service de la vérité et de la liberté. Aussi : « Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s’enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l’on sait et la résistance à l’oppression. »
Par la suite, il ne se gêne pas pour évoquer le « monde concentrationnaire… les procès révolutionnaires… » les différentes guerres et dit que sa génération, sous la menace nucléaire, ne sera plus préoccupée de refaire le monde mais bien plus préoccupée « …d’empêcher qu’il ne se défasse ».
Ce monde lui paraît d’autant plus dangereux que : « Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression…
Sartre aurait-il pu adhérer à de telles déclarations incluant les régimes communistes ? Certainement pas !
Et Camus de terminer en disant que personne ne pourrait dès lors attendre de lui (l’écrivain) « … des solutions toutes faites et de belles morales ».
Selon lui, dans ce contexte, aucun écrivain ne pourrait se « faire prêcheur de vertu » Lui, dit-il, « …n’a jamais pu renoncer à la lumière, au bonheur d’être, à la vie libre où j’ai grandi. »
La seconde partie du livre, aussi importante, contient le texte d’une conférence qu’il a faite sur l’écrivain, l’art et le monde. Il y évoque notamment le réalisme socialiste qui, selon lui, n’a jamais fait qu’évoquer un réalisme qu’il n’a pas encore. Il lui reproche surtout d’accepter un certain malheur des hommes au nom d’un bonheur à venir.
Encore un raisonnement que Sartre n’a pas dû apprécier du tout !
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Hubert Viteux
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Genre : Essai
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Édition : Gallimard, 1991 p.
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10/1/2007
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