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Icône du message Sujet: EXTRAITS LE PRETENDANT DE SABRINA CHAIX Répondre Nouveau sujet
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TAHANEA
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Depuis le: 07 janvier 2009
Pays:
France
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Messages: 2
Citer TAHANEA Réponsebullet Sujet: EXTRAITS LE PRETENDANT DE SABRINA CHAIX
    Envoyé : 28 janvier 2009 à 08:26
Extrait Le prétendant de Sabrina Chaix éditions Velours
Extrait 1

Je ne savais pas Aimé aussi ingénu ! Se marier ne lui est qu’une simple formalité : il suffit de tomber amoureux d’une jeune fille, de demander sa main à ses parents en prenant soin d’éluder tout prélude. Fréquenter la personne afin de connaître ses goûts, son caractère et de savoir si elle éprouve des sentiments réciproques parait inutile.
Devant une conception aussi simpliste, je ne serai pas étonnée qu’Aimé avait la quasi-certitude d’obtenir l’assentiment de mes parents.
Si je poursuis son raisonnement, mes parents auraient dû le remercier de l’honneur qui leur était fait et m’appeler pour m’annoncer la nouvelle que je me devais d’ accueillir avec joie tout en embrassant mon futur époux.
comportement ».
Après moult réflexions, nous ne trouvons pas de raisons probantes sur l’attitude originale d’Aimé. [….]

Je n’ignore pas, cependant, que mon prétendant soit quelque peu ordinaire. Ce vieux garçon, bourru et solitaire, est en réalité un novice dans les relations amoureuses.
Amoureux, il l’a été quelquefois, mais toujours secrètement. C’est par timidité, probablement, qu’il n’a jamais osé déclarer ses sentiments profonds à l’être désiré. Il lui suffisait pourtant de prononcer quelques mots simples, des mots dont la magie chavire immédiatement deux êtres dans l’univers passionnel, mais sa peur de l’échec, de l’absurde et d’être éconduit par son idéal l’ont privé des flirts et des amourettes.
Cette entrave insurmontable a condamné Aimé à ne vivre des histoires d’amour que dans son imaginaire. Ce n’est qu’au crépuscule de sa vie qu’Aimé se décide à se lancer dans une véritable aventure. Il a jeté son dévolu sur moi pour remplacer son unique et fidèle compagne : la solitude.



Extrait 2




     A l’approche du vieux bassin, situé en amont de la propriété, le délicieux parfum à la fois délicat et léger du chèvrefeuille m’enivre. Ses grandes lianes verdoyantes, serties de petites fleurs ivoirine aux corolles teintes de rouge finement ciselées, s’échappent le long des vieux murs du réservoir qu’elles embellissent à merveille.
J’aime me retrouver auprès de ce bassin, car son univers aquatique, source de vie et de fraîcheur, offre toujours un attrait particulier : il invite, par son perpétuel spectacle, à la détente et à l’évasion.
Les eaux émeraude servent de décor à un ballet improvisé, exécuté avec beaucoup de grâce, par des carassins dorés. Ils sont revêtus de leur costume de spectacle. Aucun n’est identique. Ils sont colorés, scintillants, pareils à des strass, éblouissant les spectateurs.
Curieusement, les danseurs ne se retrouvent jamais au complet sur scène : pendant que certains évoluent sous les feux de la lumière, d’autres sont, momentanément, dans les coulisses des profondeurs, attendant de prendre la relève de la représentation.
Concomitamment à cette danse aquatique, un autre divertissement se déroule sur la surface du liquide. Des gyrins (nommés plus communément araignées d’eau) se déplacent pareillement à des patineurs avec élégance, mais timidement, de temps en temps, sur ce miroir champêtre , décor en changement continu.
L’ eau donne, elle aussi, une autre réjouissance. Elle joue avec l’ombre et la lumière créant ainsi, sans arrêt, de nouvelles atmosphères, parfois mystérieuses, souvent bienfaisantes et apaisantes. Elle reflète la profondeur du ciel et le charme de son proche environnement . Elle en renvoie des images changeantes, atténuées ou accentuées selon la luminosité.
D’élément vital pour l’irrigation des champs de jasmins que ma famille cultivait il y a quelques décennies, l’eau est désormais devenue un objet de fascination et le bassin, un ornement . D’ailleurs, des vieux bassins comme le nôtre, jadis partie intégrante de la campagne grassoise, il n’en reste, hélas, plus beaucoup. Les rares vestiges subsistant ne sont que les témoins d’un paysage d’antan, d’un récent passé florissant, mais révolu, de la culture florale destinée aux usines de parfumeries.

EXTRAIT 3

     Du perron , j’entends le crissement de son vieux moulin à café et lorsque j’ouvre la porte d’entrée , une agréable odeur d’arabica me transporte.
     Je retrouve Grand-Mère - c’est ainsi que je la prénomme -dans sa cuisine, affairée à moudre artisanalement des graines de moka. C’est une pièce qu ‘elle aime particulièrement, non pas pour s’adonner à l’art culinaire, mais pour la vue imprenable qu’elle jouit sur son proche voisinage grâce à la configuration de ses ouvertures et de son emplacement..
     En fait, la cuisine est un poste stratégique d’observation permettant à ma grand-mère de s’immiscer, discrètement, dans la vie privée de ses voisins.
     C’est une vieille dame maigre, aux cheveux poivre et sel coupés à la garçonne. Son visage buriné et ses fortes mains portent les marques du dur labeur dans les champs, car ils ont affronté les grands froids d’hiver, les pluies glaciales et les chaleurs estivales toute une vie durant. Sa bouche, lorsqu’elle est ouverte, ne laisse entrevoir plus qu’une seule dent une incisive médiane de la mâchoire supérieure. Cet inesthétisme ne la dérange pas, car elle n’accorde aucune importance à l’apparence.
Elle est toujours vêtue d’une blouse de maîtresse de maison rapiécée, protégeant un pull gris et une jupe plissée bleue marine. Les saisons n’influencent aucunement sa tenue vestimentaire. Elle ne revêt même pas ses jambes nues de bas pour braver l’hiver. Elle n’en a pas l’utilité, sans doute parce qu’elle bénéficie d’une condition physique exceptionnelle, entretenue régulièrement, en fauchant l’herbe au moyen de sa faucille, une petite heure par jour. Cet exercice qu’elle affectionne n’est pas des plus faciles. Le dos courbé, elle s’applique à couper les touffes d’herbes rebelles à ras, afin que l’esthétisme soit parfait, sans pour autant souffrir de cette inconfortable position.
A l’écoute de mon récit, elle juge la situation sérieuse et grave.
Elle m’a confié :
- Eh bien ! Ca te fais une belle jambe ! Si j'avais été à ta place, je lui aurais fichu un coup de pied au derrière ! La prochaine fois qu’il revient, tu viens vite me chercher et selon ce qu’il te dit, je lui fiche une rouste ! J’en ai le droit car je suis beaucoup plus vieille que lui et il me doit le respect .…Oh ! Mais qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Cet imbécile, il n’a qu’à se prendre une femme de son âge !
EXTRAIT 4

     D’une voix timide, je daigne enfin m’exprimer :
- C’est à cause de mon apparence . Je n’admets pas que l’on puisse me considérer seulement pour mon paraître. Lorsqu’un homme m’appréciera pour mon être, alors je pourrai éventuellement voir les choses différemment. Mais pour le moment, plutôt que de fréquenter des hommes fantasmant sur mon physique, je préfère rester seule, car ce genre de comportement ne m’intéresse pas du tout. Je ne suis pas un objet.
A ces mots, Aimé s’emporte :
- Je le savais ! Ca, je le savais ! Ce sont tous des salauds ! Moi, je ne suis pas comme eux ! ( Il reprend son souffle pour mieux exprimer sa colère.) C’est comme moi ! Je ne fais pas confiance aux femmes ! Elles sont toutes folles !
Aimé reprend encore sa respiration. Il poursuit son discours plus calmement :
- Ca, j’en suis sûr, on doit avoir le même caractère, tous les deux. Et puis … j’ai beaucoup de sous à la banque. On pourrait partir en voyage…sur les îles, par exemple. Moi, ça me plairait beaucoup . Des excursions, j’en ai fait pas mal, mais qu’en Europe. Et puis, j’en ai marre de ces vieilles femmes dans l’autocar . Chaque fois qu’on traverse une ville ou un village, elles sont toujours en train de s’exclamer devant les jardins fleuris ! ( Avec une voix aiguë pour imiter les femmes.) « Oh ! Qu ‘elles sont jolies ces fleurs ! – Oh ! Regardez ce géranium ! Et ces jardins, ils sont si beaux ! ». ( Aimé reprend sa voix grave.)- Moi, quand j’entends des choses pareilles ça me met hors de moi ! Je ne me gêne pas de leur répondre : « A Grasse, les fleurs sont cent fois plus belles et vous ne les regardez même pas ! Et ailleurs, dès que vous voyez une fleur, même laide, vous devenez folles ! Vé ! Moi, je vous foutrais dans la soute à bagages, au moins je n’entendrais plus vos imbécillités ! ». Alors, en guise de représailles, elles se mettent toutes à me huer . Elles font ( Il imite une voix féminine.) « Hou ! Hou ! Hou ! Hou ! ». Ca ne leur plaît que je leur dise la vérité, mais moi je ne me gêne pas . En tout cas, ce que je ne comprends pas c’est qu’elles m’appèlent « capotin » ! J’ai cherché sur le dictionnaire ce que ce mot voulait dire, mais je n’ai pas trouvé .

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