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Critiques
 Le forum du Guide - Critiques de livres : Littérature : Critiques
Icône du message Sujet: La Couleur des sentiments _ Kathryn STOCKETT Répondre Nouveau sujet
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denis76
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Citer denis76 Réponsebullet Sujet: La Couleur des sentiments _ Kathryn STOCKETT
    Envoyé : 05 février 2012 à 03:58
     LA COULEUR DES SENTIMENTS de Kathryn Stockett
Éditions Jaqueline Chambon
Septembre 2010
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Pierre Girard
525 pages
I.S.B.N. 978-2742792917
Titre original : The Help, Éditeur original : Amy Einhorn Books, 2009




Jackson, Mississipi, 1962.
Une bonne noire est au service d'une maitresse de maison blanche capricieuse, dont le bébé ne se calme qu'avec cette nounou-bonne, Aibileen.
Celle-ci a appris, comme les autres bonnes noires, à ne rien laisser paraître de ses sentiments, mes les exprime avec les autres bonnes. Les sentiments n’ont pas la même couleur selon qu’on est une bonne noire ou une « miss Blanche », la maîtresse, d’où le titre.
Les bonnes Aibileen, Minny et les autres entendent les papotages des Blanches (Miss Leefolt, Miss Hilly, etc.…) quand elles se rencontrent à la maison (bridge ou autre). Miss Hilly veut faire passer une loi pour que les noires aient des toilettes à elles à la maison où elles travaillent, elle demande à Skeeter (son amie blanche de 23 ans) de le mettre en forme dans la lettre de la ligue. Celle-ci, qui a adoré sa nounou Constantine, traîne les pieds (on ne s’oppose pas à Hilly). Il lui prend même l’idée d’écrire un livre sur les bonnes. Elle a du mal à trouver des témoins, car elles ont peur si elles sont reconnues. Mais un évènement les fait changer d’avis, mais dans l’anonymat. Minny, qui a une grande gueule, raconte même un incident avec sa maîtresse de l’époque, Hilly, qui ne pourra pas passer inaperçu lors de la lecture de ce livre écrit par Skeeter et Aibileen.

C'est bien écrit. Mais c’est très lent au début, et même si on perçoit bien les hésitations des noires à témoigner, on s’ennuie…..jusqu’à la page 360 (eh oui, l’introduction est encore plus longue que dans les livres de Balzac !). Page 360, Hilly soupçonne une cachotterie de la part de Skeeter, et commence à faire courir des rumeurs qui l’isolent de toutes les blanches Jackson. La guerre commence, ….Mais Minny a peut être la parade.

3 étoiles pour le début, 4 étoiles pour la fin, donc 3 étoiles et demi.





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Grominou2
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Citer Grominou2 Réponsebullet Envoyé : 05 février 2012 à 09:37
Je ne lis pas tout de suite ton commentaire car je vais sûrement lire ce bouquin bientôt! On pourra comparer nos avis après...
Grominou

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Citer Lord_Akhen@ton Réponsebullet Envoyé : 05 février 2012 à 12:10
Je n'ai pas lu le livre par contre j'ai vu l'adaptation au cinéma. C'est un film très réussi et vraiment prenant. J'espère que le livre est aussi bien sinon mieux (on dit souvent que l'on perd en qualité au moment de l'adaptation cinématographique). ;)

Lord_Akhen@ton
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* Ça *
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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 06 février 2012 à 12:19
Message posté par Grominou2

Je ne lis pas tout de suite ton commentaire car je vais sûrement lire ce bouquin bientôt! On pourra comparer nos avis après...


Moi je l'ai lu, mais avec ma mémoire, j'aurai pratiquement oublié les mots, sauf peut-être l'impression générale, avant que je puisse lire le livre.
J'ai voulu le prendre à la bibliothèque, mais apparemment je suis loin d'être la seule. Je me suis mise sur la liste d'attente, mais je ne suis qu'en cinquième place. L'intérêt a le temps de me passer.

Alors j'ai voulu l'acheter pour ma liseuse électronique parce que je le trouve très dispendieux à l'achat papier et il ne se fait pas pour le moment, pour la traduction du moins.




*** Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux _ J.Renard

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Citer * Ça * Réponsebullet Envoyé : 06 février 2012 à 12:23
Message posté par Lord_Akhen@ton

Je n'ai pas lu le livre par contre j'ai vu l'adaptation au cinéma. C'est un film très réussi et vraiment prenant. J'espère que le livre est aussi bien sinon mieux (on dit souvent que l'on perd en qualité au moment de l'adaptation cinématographique). ;)

Lord_Akhen@ton


À moins que je regarde le film sans lire le livre ?!
Ça serait plus vite, qu'attendre après le bouquin.
Mais c'est renoncer au livre, car je ne lis jamais un livre dont j'ai vu l'adaptation au cinéma, auparavant.



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Yafa
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Citer Yafa Réponsebullet Envoyé : 05 mars 2012 à 11:13
Je viens de finir la couleur des sentiments.
Une tranche de l’histoire des Etats-Unis qui se dévore comme du pain qui ne risque pas de devenir rance.
Les années soixante ne semblent pas si loin que ça. Est-ce que la situation au Sud a vraiment changé depuis ?
Tout au long du livre je n’arrivais pas à me décider si j’admirais plus l‘espoir silencieux d’ Aibeleen, la révolte froide de Skitter, ou le franc-parler de tonnerre de Mini.
A lire …
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denis76
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 06 mars 2012 à 00:53
Bienvenu, Yafa !

Je ne connais pas la réponse à ta question, n'y étant pas retourné depuis des lustres. Je sais qu'en Afrique du Sud, ils "font des efforts", mais ce n'est pas si évident. A la Réunion, les communautés se cotoient sans se guerroyer, c'est déja ça. Ca va rarement au dela, car les éducations sont différentes.

Oui les sentiments des 3 personnages principaux sont intéressants, d''autant plus que l'une est blanche.
N'as tu pas trouvé le rythme lent ?
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Yafa
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Citer Yafa Réponsebullet Envoyé : 06 mars 2012 à 15:12
Bonjour Denis,
Ce n’est pas un livre d’action, alors je n’ai pas trouvé le rythme lent.
Si c’était un livre de Michael Connelly ou Ken Follet peut-être et encore si on considère le rythme de ce dernier dans la séquelle des « Piliers de la terre ».
Parfois je me pose cette question: Si on a fait un livre aussi bon, est-ce qu’on doit céder à la tentation de créer un deuxième s’il risque de ne pas être à la hauteur du premier.

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denis76
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 07 mars 2012 à 01:30
Bonne question ! en général, les auteurs produisent alors des tryptiques (millenium, etc)
Ca dépend si pour toi le sujet compte plus que l'écriture ou l'inverse. Pour moi le style, la patte de l'écrivain compte plus.
Pour moi, ce ne sont pas les livres qui sont bons ou mauvais, ce sont les styles des auteurs qui correspondent a mes gouts...Je fonctionne un peu comme avec les chanteurs. C'est pour ça que j'écris "je suis fan de.." Je ne crois pas que je relirai Stockett, par contre, des qu'un livre dont je suis fan de l'auteur sort, je me précipite dessus.
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Yafa
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Citer Yafa Réponsebullet Envoyé : 08 mars 2012 à 14:54
Pour moi les deux vont ensemble.
L’auteur peut avoir un style extraordinaire, mais si le sujet est banal (ou si l’auteur se répète) le livre ne réussira pas à garder mon attention.
Moi aussi j’ai des auteurs favoris et je me jette sur leurs dernières créations.   Mais j’ai un point faible : Je n’arrive pas à m’empêcher de comparer (pas uniquement quand il s’agit de trilogie.)
"L’Ombre du vent" et "Le Jeu de l'ange" de Zafon …j’ai adoré le premier, le deuxième était bon, mais sans plus.

Je vais m’arrêter. C’est un sujet qui doit être discuté hors de cette section dédiée au livre « La couleur des sentiments »

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Grominou2
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Citer Grominou2 Réponsebullet Envoyé : 02 juillet 2012 à 16:07
Je viens de le terminer... J'ai adoré! Un excellent équilibre entre l'humour et l'émotion, un sujet qui fait réfléchir sur le chemin parcouru depuis cette époque, des personnages attachants qui vont rester avec moi longtemps. Tout en étant fort différent dans le style d'écriture, cela m'a fait un peu penser à to Kill a Mockingbird (Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur) de Harper Lee (peut-être parce que j'ai vu le film récemment.

Je trouve le titre de la VF assez nul par contre, on dirait un roman sentimental...
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Muffin
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Citer Muffin Réponsebullet Envoyé : 21 août 2012 à 11:32
J'ai fini il y a deux jours The Help / La couleur des sentiments de Kathryn Stockett.

Je n'ai pas été déçue, Kathryn Stockett met un point d'honneur à ce que son histoire tienne debout. Elle inclut tout ce que l'on attend d'une petite ville du sud de l'ancienne Union de la guerre ce Sécession, mais dans les années 1960 : les servantes noires qui travaillent pour des familles blanches, l'illusion de bonheur parfait des ménages, auquel les maîtresses de maison travaillent d'arrache-pied, tout en cachant des secrets inavouables. La famille de Skeeter est une traditionnelle famille du Mississippi qui possède des champs de coton, et donc, la main d'œuvre noire qui va avec. Comme tous les enfants du coin, elle a été élevée par sa servante noire autant que par sa mère - si ce n'est davantage.

L’écriture de Stockett est très intéressante. Je l’ai trouvée très imagée. On suppose qu’elle se plait à s’imaginer réellement tous les détails des scènes qu’elle décrit. Elle est aussi assez humoristique. Je repense à ce que Denis relève du livre : le fait qu’il soit plutôt lent. Personnellement je n’ai pas trouvé qu’il était lent, mais je comprends la remarque. Je dirais plutôt qu’il ne s’enchaîne pas, justement parce que l’écriture de Stockett n’est pas liée. Bien que talentueuse, je la trouve relativement dépourvue de lyrisme, elle est plus factuelle qu’autre chose. Mais je trouve que cette qualité ajoute beaucoup de réalisme à l’histoire. On sent la construction du projet de Skeeter, qui, au départ, est fragile et mal défini. Comme elle, on ne sait pas encore vers quoi on se dirige. Le caractère de Skeeter ajoute à cela : ce n’est pas une passionnée, mais elle est pourvue de bon sens, et elle sait ce qu’est la justice ; ce qui va diriger son projet tout au long du livre.

Le plan du livre n’est pas pensé à l’avance, Skeeter va le construire au long des interviews, et Aibileen aura également une grande implication dans la structure du livre – elle est particulièrement douée pour l’écriture, et c’est une passionnée de lecture. Quant à Minny, sa participation est elle aussi indispensable, puisque c’est elle qui amènera les 11 autres servantes à témoigner. C’est aussi grâce à elle que la sécurité des témoins est garantie, en manipulant Hilly avec cette abominable histoire qui les lie toutes les deux. Ces trois femmes vont travailler d’arrache-pied pour ce projet qui les anime de plus en plus, mais qui est également de plus en plus risqué. Combien de fois Skeeter va-t-elle se ronger les sangs parce qu’elle se sent coupable de mettre la vie d’innocents en danger, combien de fois va-t-elle remettre ses choix en question ? On comprend que Skeeter est juste comme les autres. Ce n’est pas une héroïne, elle n’a pas décidé de sauver le monde.

En effet, bien que Skeeter se démarque de ses amies Hilly et Elizabeth, elle n’est pas une militante née pour autant. L’idée du recueil de témoignages lui vient progressivement, parce qu’elle doit faire ses premiers pas dans le journalisme. C’est, d’après ce que l’on sait, la première fois de sa vie qu’elle se porte sur le sujet. Elle a le sentiment que le milieu dans lequel elle a grandi est miné de paradoxes, même si c’est un sentiment qu’elle apprivoise au long du livre. Progressivement, elle déniche des absurdités dans tout ce qui lui paraissait normal auparavant : la façon dont Hilly parle à sa bonne, par exemple. Tout cela se réveille tandis que sa relation avec Aibileen évolue en amitié – c’est alors qu’elle parvient enfin à voir toutes ces servantes comme des êtres humains.

Je remarque aussi la discrétion des hommes dans ce roman, qui est néanmoins trompeuse. Evidemment, le roman est davantage centré sur les ménages, ce qui explique l’absence des hommes, qui travaillent tandis que les femmes tiennent la maison. Ce sont les femmes blanches qui dirigent les ménages de main de maître, tandis que les servantes noires passent leurs journées au service de ces femmes. Et pourtant, tout est dominé par les hommes. Ils sont discrets, ils parlent peu, mais ils tiennent la corde. La seule fois où l’on a l’occasion de voir Mr Leefolt s’exprimer, c’est pour menacer la vie d’Aibileen si elle s’aventure de revoir Skeeter. De la même manière, le médecin de Celia Foote tient cette dernière responsable de la perte de ses quatre bébés. Dans ces deux scènes, on sent à quel point les femmes de l’époque pouvaient sombrer dans leur désarroi, sans que personne ne puisse leur venir en aide. Johnny Foote quant-à-lui s’inscrit à l’écart, ce qui fait toute l’ironie du couple Celia – Johnny : il est tourné en ridicule par le reste de la communauté pour les bourdes de Celia, mais il semble que ce soit le seul couple où l’amour est bel et bien présent, comme l’illustre la dernière scène.

J’ai trouvé les personnages très bien ciselés. Ils ont tous leurs particularités - le personnage de Celia en particulier est un vrai spectacle à chacune de ses apparitions : Stockett se "fait plaisir" avec ce personnage, tout en prouvant au lecteur la virtuosité de sa plume lorsqu'il s'agit de cerner un individu - dans ce sens, j’ai été un peu déçue que la fin arrive trop vite. Certes il était temps que le recueil soit bouclé et publié, et que l’on en voie les retombées, mais le destin de certains personnages m’a semblé être résumé un peu rapidement, comme pour Minny : Stockett nous fait sentir assez tôt que, de toutes façons, elle ne pourra s’en sortir qu’en quittant son mari – et c’est en effet ce qui finit par arriver, mais le dénouement me paraît un peu faible. Sachant que cette fin était inéluctable, un peu de fantaisie n’aurait pas fait de mal pour donner un peu de surprise au lecteur. Même chose pour Celia et Johnny : le secret des bébés morts nés devait être dévoilé à Johnny, et quand enfin cela arrive, on a droit à une demi page où Minny voit Johnny pleurer, la tête sur les genoux de Celia, lui promettre qu’il l’aime et qu’il ne veut pas la voir partir. C’est une belle scène par ailleurs, mais un peu trop simple et concise, à mon sens trop convenue pour conclure leur histoire.

De manière globale, je trouve ce roman réellement passionnant dans sa manière d’aborder un thème récurrent de l’histoire des Etats-Unis, et ce sans idéalisme, sans lyrisme, avec une sobriété réellement bienvenue. Il n’y a pas de héros, pas de plus malheureux, pas de destinée changée pour toujours. C’est simplement la vie telle qu’elle est. On ne nous dit pas qu’après la publication du livre, Aibileen aura guéri toutes ses blessures. Minny devra sûrement lutter pour retrouver un foyer. Skeeter a vécu sa première expérience d’adulte, et d’ailleurs elle n’a pas trouvé l’amour. Elles auront vécu une aventure qui les aura enrichies, mais la lutte ne fait que commencer pour elles. D’où pour moi une impression de continuité tout au long du livre : où cela commence et où cela se termine-t-il, j’avoue ne pas être certaine. Et après tout, cette histoire est-elle terminée ? C'est l'histoire d'une population, une histoire qui continue encore aujourd'hui.

Comme elle l’explique à la fin du livre, Kathryn Stockett a voulu comprendre ce que cela faisait, d’être une femme noire qui travaille pour une famille blanche dans le Mississippi, parce qu’elle a regretté de ne pas avoir pu poser la question à sa bonne Demetrie, qui est morte alors que l’auteur avait 16 ans. Skeeter a le même sentiment, après avoir appris par sa mère le départ de sa bonne Constantine. Ce livre est l'analyse de Stockett, un travail qui se concentre sur l’évolution de la relation de Skeeter avec Aibileen et Minny, telle qu’elle aurait pu la vivre. De cette manière, je trouve le titre français très bien vu - il n'a pas le même double sens que le titre anglais (The Help, qui définit les servantes, mais résume aussi la démarche) mais il est pour moi plus profond, parce qu'il évoque cette question des relations, et leur évolution (la couleur change).

C’est une bonne question que pose Yafa : la situation a-t-elle changé depuis ? Je pense qu’elle a évolué, comme on le voit déjà à la fin du livre : Aibileen a le droit de fréquenter la même bibliothèque que les blancs. La loi maintenant est plus égalitaire (même si ça ne m’étonnerait pas que l’on y trouve des vices) mais les mentalités ne changent pas si vite, et je doute vraiment que le mixage soit observé partout. Le terme « white trash » qui définit les blancs peu éduqués et racistes est encore très utilisé en particulier dans cette région du sud-est des Etats-Unis, et ça n’est pas pour rien. J’ai moi-même passé un peu de temps et en Géorgie et en Louisiane, mais malheureusement trop peu pour pouvoir juger de cela.

Désolée si c’est un peu (TRES) long. Je pourrais être plus concise mais j’ai tendance à me disperser quand j’écris plus que cinq lignes, alors j’espère que c’est pas trop fourre-tout.

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Citer Grominou2 Réponsebullet Envoyé : 21 août 2012 à 14:50
Wow, super analyse, Muffin!

Quant à moi, la fin ne m'a pas déçue, tous les fils étaient noués...
Grominou

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Citer Muffin Réponsebullet Envoyé : 22 août 2012 à 09:32
Merci Grominou ! Je suis d'accord avec toi : les fils sont noués, mais un peu trop hâtivement pour moi.

Je viens de recevoir l'exemplaire de cette semaine de Télérama - pour les québécois, un magazine qui diffuse le programme TV, mais qui a la réputation d'être assez culturel. La première page est occupée par Toni Morrison, à l'occasion de la sortie de son dernier roman : Home.

Je n'ai jamais lu Toni Morrison, même si j'ai eu l'intention de lire Beloved à plusieurs reprises, parce que je sais que ses romans sont vraiment durs, et je n'ose pas m'y mettre. Mais dans l'interview accordée à Télérama, elle répond plus ou moins à la question de Yafa : est-ce que la situation dans le sud-est des Etats-Unis a vraiment changé ? - pas exactement en fait, parce qu'elle ne parle pas du sud en particulier, mais je pense que ça peut quand même être une bonne réponse.

Je cite : (...) la fin de la ségrégation et l'intégration des Noirs dans la société ont entraîné la mise en place d'une ségrégation par l'argent et non plus par la race.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que finalement, cela revient au même...
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 22 août 2012 à 10:23
Très belle critique MUFFIN, certes longue, mais tous tes arguments sont pertinents !

Certes la lenteur du récit au début imprime sans doute le rythme du Sud dans l'esprit du lecteur : " je trouve que cette qualité (écriture factuelle) ajoute beaucoup de réalisme à l’histoire" (MUFFIN)

Oui, le fait que les hommes soient peu impliqués "date" le roman à une période où la maîtresse de maison d'une certaine aisance ne revendiquait pas le droit au travail, mais le droit de "commander" sa maison.

la fin de la ségrégation et l'intégration des Noirs dans la société ont entraîné la mise en place d'une ségrégation par l'argent et non plus par la race.

Je ne peux pas m'empêcher de penser que finalement, cela revient au même... MUFFIN

Oui, c'est vrai, mais pas tout à fait.
En Afrique du Sud, il y a le même problème, j'y suis allé pendant l'apartheid en 1985. Maintenant, ce sont des noirs qui président le pays. Je serais curieux de voir l'évolution.
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Citer Úrsula Iguarán Réponsebullet Envoyé : 15 septembre 2013 à 02:02
J'ai aussi beaucoup aimé ce roman, vous l'avez déjà tous dit,le thème, le sytle, l'ambiance, la structure de l'histoire tous les ingrédients sont réunis pour en faire un bon roman

Message posté par Muffin

De manière globale, je trouve ce roman réellement passionnant dans sa manière d’aborder un thème récurrent de l’histoire des Etats-Unis, et ce sans idéalisme , sans lyrisme, avec une sobriété réellement bienvenue. Il n’y a pas de héros, pas de plus malheureux, pas de destinée changée pour toujours. C’est simplement la vie telle qu’elle est.


Alors là je suis moins d'accord, et c'est ce qui m'a gêné pendant toute ma lecture: Skeeter n'existe pas en vrai, et j'ai trouvé un peu "facile" de créer cette héroïne 50 ans plus tard. A cette époque une blanche aurait-elle pu faire ce livre? aurait-elle eu même l'idée de s'y intéresser?? Je ne connais pas assez l'histoire du Mississippi, y a t'il eu des "héros" locaux qui ont fait évoluer les mentalités dans cet état et dont Skeeter pourrait être la représentante?
Cette question m'a dérangé pendant toute ma lecture... mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier ce livre puisqu'on s'attache aux personnages, que l'ambiance est là et bien restituée et que l'intrigue est prennante.
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 15 septembre 2013 à 03:55
je pense qu'il y a toujours eu des opposants au système, donc j'ai considéré Skeeter comme appartenant à ces personnes.
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Muffin
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Citer Muffin Réponsebullet Envoyé : 15 septembre 2013 à 04:24
Hello Ursula, je suis d'accord avec toi, la question est difficile. Mais on voit bien dans le roman que Skeeter est un peu la seule à vouloir changer les choses dans son entourage. Elle est soutenue par son éditrice, qui n'est évidemment pas du sud, mais dans le Mississippi il me semble (si je me souviens bien) que les seules à la soutenir sont toutes les afro-américaines qu'elle interviewe. Ses amis, sa famille; sont contre le projet. D'ailleurs elle se garde bien d'en parler autour d'elle et ça n'est pas pour rien.

Je n'ai pas d'exemple pour appuyer l'argument, mais je crois qu'il y a eu des blancs qui ont essayé de changer les choses à l'époque dans le Mississippi, même s'ils étaient largement minoritaires et bien souvent invisibles. Il y en a eu là comme il y en a eu en Afrique du Sud pendant l'Apartheid.

D'autre part, Skeeter représente d'une certaine manière le reflet de Kathryn Stockett elle-même. L'auteur explique à la fin comme elle aurait voulu savoir ce que ça faisait d'être une femme noire dans le Mississippi dans les années 1960, à l'instar de sa bonne Demetrie. Grâce à Skeeter, elle s'en donne l'occasion - enfin.

Elle n'aurait jamais pu écrire ce roman sans ce personnage blanc qui s'infiltre dans la vie des femmes noires, parce que le roman se base précisément sur la relation blanc-noir.
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Citer Úrsula Iguarán Réponsebullet Envoyé : 15 septembre 2013 à 05:18
Message posté par Muffin

Je n'ai pas d'exemple pour appuyer l'argument, mais je crois qu'il y a eu des blancs qui ont essayé de changer les choses à l'époque dans le Mississippi, même s'ils étaient largement minoritaires et bien souvent invisibles. Il y en a eu là comme il y en a eu en Afrique du Sud pendant l'Apartheid.


Je suis bien d'accord avec toi sur ce point, il a bien du y avoir une poignée d'opposants blancs (et c'est en partie grâce à eux que les choses ont évolué)

Message posté par Muffin

D'autre part, Skeeter représente d'une certaine manière le reflet de Kathryn Stockett elle-même. L'auteur explique à la fin comme elle aurait voulu savoir ce que ça faisait d'être une femme noire dans le Mississippi dans les années 1960, à l'instar de sa bonne Demetrie.

C'est exactement ce point qui me dérange, elle aurait voulu... mais elle ne l'a pas fait.
C'est vrai qu'elle était jeune à l'époque, mais une autre aurait-elle pu le faire? c'est une question ouverte, je n'attends pas de réponse, mais c'est juste que ça me turlupine et je trouve que c'est un peu facile de créer un héros a postériori!
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 15 septembre 2013 à 06:32
La femme noire qui n'a pas cédé sa place à un blanc dans le bus (vraie vie) a fait avancer le système, de meme que M L King
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