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Critiques
 Le forum du Guide - Critiques de livres : Littérature : Critiques
Icône du message Sujet: Pour une philosophie politique de l'éducation _ M Répondre Nouveau sujet
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denis76
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Depuis le: 21 janvier 2010 Status actuel: Inactif
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Citer denis76 Réponsebullet Sujet: Pour une philosophie politique de l'éducation _ M
    Envoyé : 27 avril 2017 à 12:44
Auteur MC BLAIS.

Ce livre m'a mis en colère. Après un bla-bla abscons de chercheur de sciences de l'éducation, Marie-Claude Blais, avec un plan sans queue ni tête, fait un historique intéressant sur le parallèle entre les partisans traditionnels de l'école républicaine et les "pédagogues progressifs" qui "mettent l'enfant au centre du système éducatif". Mais ceux-ci n'ont pas fait avancer le schmilblick, l'auteure a l'honnêteté de le reconnaître.

Pourquoi suis-je en colère à l'issue de ce livre ? D'abord le style est un "discours de fac", avec des "postures", des "ruses", des "systèmes", du conformisme", bref, des concepts aux limites trop floues. Pourquoi un style aussi abscons et technocrate ? Eh bien, je pense que les les chercheurs en sciences de l'éducation (que je connais , puisque j'ai fait un DEA de didactique) voient un « progressisme » des enfants dans la liberté et leurs droits, sans contraintes. Je pense à Maria Montessori, à Alexander S.Neill ("Libres enfants de Summerhill") ou à Ivan Illich ("Une société sans école"), et à mai 68 ("il est interdit d'interdire"). Je fais remarquer que, dans les trois écoles sus-citées, la population scolaire était particulière, et ne concernait pas la nation entière.

Pourquoi un style tellement flou ? Je pense que l'auteure est partagée entre les deux "écoles" ; elle ne prend pas parti. Les tenants de la démocratie sont des écorchés, très "à cheval", et toute attaque contre eux est susceptible d'être créditée d'autoritarisme, et de contrainte injustifiée. Donc, ce langage de chercheur a le mérite d'être accrédité dans les hautes sphères technocrates, et il permet de contourner les reproches éventuels de certains, mais il a l'inconvénient de n'être ni clair, ni direct : diable, appelons un chat "un chat" ! Mais dans notre milieu, on n'a pas le droit de dire les tabous. L'enfant est devenu roi. J'ai été "mis en retraite anticipée" pour avoir fait attrapé trois élèves par le bras, car avec les 20 autres élèves, on en avait marre d'attendre qu'ils finissent de faire les cé-o-enne-esse dans les tapis, afin de passer à la suite des consignes : "Vous ne savez pas gérer les élèves". D'accord.

Dans le contenu du livre, l'auteure oppose l'école républicaine qui privilégie des savoirs, les contenus, à l'école des pédagogues, " laboratoire de la démocratie", dit-elle, qui se préoccupe des « besoins » des élèves.

Pestalozzi (1780), et Marion sont partisans des savoirs, ainsi que maintenant, après la révolte de 1968 pour tuer le père, Jacqueline de Romilly , Alain Finkielkraut, Elisabeth Badinter, Bernard Lahire.
68 a fait beaucoup de mal.
De l'autre côté, les partisans du puérocentrisme sont Edouard Claparède, qui s'appuie sur la psychopédagogie (1900), et dans les années 1970, des chercheurs qui font beaucoup de mal à l'école républicaine : Pierre Bourdieu, JC Passeron ("La reproduction" ...des élites par l'école), Christian Baudelot et R.Establet ("L'école capitaliste en France"). La sélection est mise sur la sellette, et on baisse le niveau.
Mais ce qui fait le plus de mal, c'est cette notion d'égalité. On sait qu'elle est impossible, mais les « pédagogues » s'y accrochent, et gagnent l'écoute du ministère, toujours fervent de récupérer les voix des parents, sans s'occuper des conséquences pour notre jeunesse. Au début, cela partait d'un bon sentiment : Condorcet (1792) institue l'école primaire nationale. Guizot (1933) améliore de système, et Jules Ferry (1882) la rend gratuite, laïque et obligatoire, mais tous ceux là, républicains, privilégiaient les savoirs, LES DEVOIRS et L'EFFORT.
L'égalité : après la massification dans les années 1950-60, la réussite scolaire n'est pas au rendez-vous pour tous ! Cependant, sur le tabou "égalité des chances" qu'on n'a pas le droit de critiquer, les pédagogues ne veulent pas en démordre : on saute à pieds joints sur les propositions de John Rowles (1971): la discrimination positive ! Les bourses pour élèves défavorisés, c'est bien, mais créer des ZEP en 1981, accepter l'enfant roi, et privilégier la parole des enfants et des parents sur celle de l'enseignant, est ce la solution ?
Les savoirs reproduisent les élites ? La réussite scolaire des élèves de base ne donnent pas les métiers gratifiants des élites ? Les élèves s'ennuient ? Vive les parcours diversifiés ! " La reproduction" a dévalorisé la république des savoirs : comme on n'arrive pas à l'égalité, on fait le procès du savoir, et aussi, parfois, celui de l'enseignant.

Evolution du métier d'enseignant :
1) La massification pose le problème d'enseigner avec hétérogénéité, étant tabou de faire des classes de niveau.
2) Les médias : ils ont fasciné les enfants et pris le pouvoir par rapport aux familles et à l'école (Postman, Popper). Les jeux vidéo,peuvent engendrer la violence.
3) Lutter contre l'ennui des élèves. Mais enfin, les enseignants ne sont pas là pour ça, enfin ! Nous ne sommes pas des animateurs, ni des assistants sociaux !
4) La peur : les élites ont peur d'une bombe à retardement : ils ont peur de "la fracture sociale".
Mais la CULTURE, bon sang ! Il faut prendre compte des racines ! On dirait qu'on a honte de notre histoire, d'être Français !


En fin de livre, l'auteure consacre un chapitre à l'éducation civique. Depuis la fin du XXè siècle, les pédagogues se sont enfin aperçu que certains élèves faisaient des incivilités, et même des violences. Donc ils essayent de rattraper le coup avec cette « nouvelle-ancienne matière ». On ne va quand même pas déterrer la morale, c'est un fossile ! Mais le gouvernement lutte sans y croire.
Erasme et Montaigne, vers 1500, savaient prendre les choses à l'endroit. de même, Arnaud Berquin, vers 1780, prévu pour éduquer Louis XVII, écrivait :

"Rosalie prit le billet et lut :
"Pour une petite fille grognon, qui reconnait ses défauts, et qui, en commençant cette nouvelle année, va travailler à s'en corriger."
-- Oh ! c'est moi ! c'est moi ! " s'écria t-elle en se jetant dans les bras de sa mère, et en pleurant amèrement.
Madame de Fougères versa aussi des larmes, moitié de chagrin sur les défauts de sa fille, et moitié de joie sur le repentir qu'elle en témoignait."

Ils savaient, par maints exemples, remettre les enfants dans le droit chemin. le contrôle de soi : on ne sait plus l'éduquer.
De nombreux parents, pour de multiples raisons, n'éduquent plus leurs enfants dans le RESPECT. Ce mot a mauvaise presse en France.
Donc, nos pédagogues du « vivre ensemble », qui ont "gagné" sur les républicains, sont pris à leur propre piège : ils n'arrivent pas à s'en sortir, avalés par leur flou et leurs contradictions : leur maître mot est "pas de contraintes pour les élèves !"
Mais comment éduquer les enfants avec leurs seuls droits et sans aucun devoir ? C'est l'hôpital qui se moque de la charité ! On fabrique des révoltés qui n'ont pas lieu d'être.

L'apprentissage de la démocratie dès le primaire, est-ce la solution ?

Là, en 2017, le système scolaire, avec l'insécurité, a les deux pieds dedans !

Puisque l'auteure et les pédagogues n'ont aucune solution, je propose un cours d'éthique obligatoire et important :
Au primaire, apprendre et appliquer les règles de politesse.
Au collège, apprendre la prise de conscience de son propre état (colère, agitation), maîtrise de soi, autonomie.
Au lycée, apprentissage de la démocratie.

En fait l'auteure, et je pense qu'elle n'est pas seule, confond éducation et instruction. Notre boulot, c'est d'instruire, et là, sans moyens supplémentaires, nous sommes aussi obligés d'éduquer : nous faisons le grand écart !
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Lélia
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Citer Lélia Réponsebullet Envoyé : 29 avril 2017 à 11:57
Très intéressante et instructive ta critique, Denis. Je partage ta colère. Sans être érudite comme toi, ni spécialiste de l'enseignement, je me sens concernée et déplore que trop peu de gens réagissent comme nous.
Respecter la tradition c'est nourrir la flamme, ce n'est pas vénérer la cendre! Gustav MAHLER
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Lélia
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Citer Lélia Réponsebullet Envoyé : 29 avril 2017 à 12:09


La Fabrique du Crétin de Jean-Paul BRIGHELLI, 2005 Editeur: Jean-Claude GAWSEWITCH, 204 pages.


Résumé de l'éditeur:

Nos enfants ne savent plus lire, ni compter, ni penser. Le constat est terrible, et ses causes moins obscures qu'on ne veut bien le dire. Un enchaînement de bonnes intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en une trentaine d'années ce qui fut l'un des meilleurs systèmes éducatifs au monde. Faut-il incriminer les politiques, les profs, les parents, les syndicats, les programmes ? En tout cas, la Nouvelle Pédagogie a fait ses " preuves " l'école a cessé d'être le moteur d'un ascenseur social défaillant. Ceux qui sont nés dans la rue, désormais, y restent. Dès lors, que faire ?








J'ai lu cet ouvrage lors de sa parution en 2005. L'auteur précise d'emblée que la "Fabrique du Crétin" ne s'applique pas aux élèves mais bien aux responsables du système. L'as-tu lu? Qu'en penses-ty? Il a eu u n grand retentissement dans le milieu concerné.
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Lélia
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Citer Lélia Réponsebullet Envoyé : 29 avril 2017 à 12:16
Respecter la tradition c'est nourrir la flamme, ce n'est pas vénérer la cendre! Gustav MAHLER
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denis76
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Citer denis76 Réponsebullet Envoyé : 29 avril 2017 à 12:41
ça me semble très bon ! J'en avais entendu parler.

Bonnes questions.

Je pense que la massification ( tout le monde à l'école) des années 50 est responsable de beaucoup de choses.
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