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Communiqué, promotions
 Le forum du Guide - Critiques de livres : Auteur/livre : Communiqué, promotions
Icône du message Sujet: Le soleil se lève à l'est Répondre Nouveau sujet
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Novi Sad
Discret
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Depuis le: 23 février 2009 Status actuel: Inactif
Messages: 3
Citer Novi Sad Réponsebullet Sujet: Le soleil se lève à l'est
    Envoyé : 28 février 2009 à 02:52
Le soleil se lève à l’est

Un jeune chômeur qui s’ennuie lors d’un stage dans un magasin funéraire, va faire une rencontre fortuite, un départ possible quant à son rêve de devenir un écrivain de polar. Son morne univers va, dans un mystérieux scénario, s’ouvrir sur un monde qu’il n’avait jusqu’alors que soupçonné d’exister. Une saga à l’aube de l’Europe d’aujourd’hui où d’une rencontre improbable va naître une plongée dans ces nouvelles associations à l’assaut d’économies locales en pleine faillite.

Mais place aux extraits :

""""Jacques Lefèvre s’assit sur le rebord de l’immense vitrine, ce qui lui offrait un angle parfait sur le parking et la rotonde devant l’entrée du cimetière. Le dos calé sur la cornière, son sandwich déplié à coté du café fumant ; il profitait pleinement de cette maigre pause octroyée par son contrat aidé ; comme avait dit l’agent de l’ANPE. Philosophe, comme on peut l’être au début de sa trentième année ; il se disait que ce magasin à l’enseigne des pompes funèbres, était de par sa tranquillité, propice à d’intenses rêveries quant à un avenir possible qui ne saurait tarder. Mais pour l’instant, dans l’inaction de cette après Toussaint où le client se faisait rare, c’est le froid qui se faisait plus persistant. Il mastiqua plus lentement, salivant presque, à la vue soudaine d’une grosse voiture noire qui venait d’aborder le giratoire en ralentissant sournoisement. Il se calma en se disant qu’il s’agissait probablement des jeunes de la cité voisine. L’endroit était propice aux rodéos, avec une sortie rapide sur le périphérique tout proche. Plus loin, aux alentours d’une casse automobile prédestinée sans doutes, l’on pouvait compter les traces des innombrables épaves qui s’y étaient consumées. La bouchée du fade sandwich, resta définitivement en suspens lorsque l’étrange carrosse s’engagea en une gracieuse courbe sur le parking, juste en face de lui. Il se dit un instant, après avoir reluqué la calandre étoilée, que ces nouvelles formes étaient décidément très moches. Un vrai scarabée, avec ses vitres noires et jantes assorties, mais c’est la plaque 93 qui déclencha enfin la mastication. Son cerveau fourmillait maintenant à une explication possible. Il rejeta de suite l’idée d’un commercial, ceux là se reconnaissaient depuis longtemps déjà ; à leurs C3 diesels d’où l’on les voyait émerger dans de sombres costumes fripés ; idem s’il s’agissait d’un directeur en visite de succursales. D’ailleurs, il n’avait pas remarqué le léger claquement d’un diesel mais bel et bien : un étrange bruit de bateau. Le véhicule dont il ne voyait que l’arrogant museau et l’opacité des vitres, restait immobile et Jacques bougea ses épaules comme pour se réveiller, puis avala son café d’un trait, claquant sa langue. Tandis qu’il se levait pour mettre fin à cette sensation étrange qui l’envahissait, une porte claqua et il se força à ne pas se retourner. Mais le marbre exposé lui renvoya l’image d’un homme en manteau Camel qui se dirigeait lentement vers la porte.

Il fit mine de ranger des fleurs qui gênaient le bord de l’allée, tout en lorgnant l’inconnu. Mais celui-ci l’avait déjà repéré, tout en balayant le magasin de regards brefs et circulaires. Malgré le soyeux manteau, les écailles auburn des élégantes bottines et le sourire forcé de celui qui a perdu sa dose de patience depuis longtemps ; il sembla à Jacques que la température du magasin pourtant fraîche, était encore redescendue. Une impression indéfinissable lui fit articuler un pitoyable :
- Oui, c’est pourquoi ?
- Bonjour, fit l’autre prenant son temps.

Il le détaillait tranquillement, sans émotions particulières, comme consultant une brochure, puis désignant une potée de fleurs jaunes.
- Je vais prendre celles là ; vous connaissez le cimetière ?
- Oui, un peu….
-Je dois retrouver une tombe, lettres CH, année 2002 ?
- C’est à dire que c’est très grand, il faut suivre les panneaux et les gardiens ne reprennent qu’à quatorze heures !
- Emmenez moi alors !
Après tout, je dois déposer un paquet au funérarium.
- Et bien voilà.

Il se mordit les lèvres en pensant à Aline qui lui reprochait toujours de se fourrer dans des coups inavouables, mais il pensait aussi à l’ANPE avec une sourde colère. Il réalisa en sortant, devant se baisser pour fermer la porte à clef, qu’il portait la potée pendant que l’autre était parti en avant, les mains dans les poches. L’inconnu semblait humer l’air avec attention, silencieux et léger en même temps.
- Il fait froid ! L’autre le regarda avec un étonnement amusé :
- Le froid, le chaud, oui, c’est intérieur surtout.

Il le quitta à l’angle du funérarium, lui indiquant les voies à emprunter, mais l’autre lui demanda juste à quelle hauteur du sud et du nord.

Lorsqu’il ressortit après qu’Eugène, le préposé du funérarium, lui eu offert un second café. Il hésita puis marcha rapidement en direction du carré qu’il avait indiqué à l’inconnu. Ayant emprunté un chemin de traverse, il l’aperçut de dos, et il se rapprocha pour situer la tombe. Ce n’est que lorsque l’autre démarra brusquement, qu’il se décida à s’approcher. C’était une très belle dalle, encore très fleurie et il chercha aussitôt un nom : Antoinette Schmitt, 1917-2002.

********

- Ca vous intéresse ?

Il faillit basculer au milieu des fleurs et bredouilla :

- Non, pas du tout !
- Vous avez tort, c’est très intéressant, vous savez ! Venez, jeune homme, remontons ensemble.

Mais c’est lui qui parlait, se cherchant des explications pendant que l’autre souriait ; regardant droit devant lui.
- C’est que j’écris des livres, enfin je voudrais en écrire un, des polars surtout, là ce boulot, juste en attendant …
- C’est bien : moi, je ne sais pas écrire, juste un peu lire ; pourtant je parle plusieurs langues.

Puis soudain, il lui parla d’Antoinette, de camps gardés par des gendarmes pendant la guerre, et arrivé enfin à la grille, il lui dit qu’il fallait écrire tout ça.
- Oui, mais vous savez, pour faire un livre, il faut avoir un éditeur ?
- C’est quoi, un éditeur ! Un homme, on lui jette un peu d’argent ou on lui tord le bras dans le dos.
- Ah, mais si ça ne se vend pas ?- Quelle importance, la mémoire vous dis je !
- Et je commence comment ?
- Vous avez le début, je repasserai de temps en temps avec des messages…

Sans doute, avait il trop tardé à poser une nouvelle question, car l’autre avait déjà tourner les talons.
- Jacques, bordel, t’étais ou ?
- Rien chef, un client pour une potée…..

""""

****************************************

Il n’y avait pas grand monde ce lundi matin du 8 décembre 2008, une année qui pourtant s’annonçait prometteuse en termes d’enrôlement, devant le tribunal de commerce de Laval, lorsqu’une Mercedes 500 noire, fit le tour de la place en recherche d’une bonne place de stationnement. Les deux hommes qui en émergèrent, détonnaient : le conducteur avait la trentaine, des cheveux longs lissés en queue de cheval, pas rasé, jean et veste de cuir usée, tandis que son passager arborait la cinquantaine classieuse avec un pardessus cachemire, et des chaussures fines dont le cuir fauve en imposait. Le passant qui les aurait croisés alors, pour peu qu’il ait été un tant soit peu observateur, aurait pu noter des visages aux traits décidés, avec des yeux pales et des mentons volontaires. Une fois, entrés dans le tribunal, le second qui portait cravate et des cheveux très courts, se dirigea vers un avocat en robe :
- Bonjour maître, comment allez vous ?
- Bien, très bien. J’ai des bruits de couloirs plutôt positifs quant à votre proposition de reprise. D’ailleurs nous devrions passer très rapidement, les audiences vont vite ce matin.
- Tant mieux alors.
Un huissier claironna un retentissant : affaire « Phone Pro » et l’avocat et lui, se dirigèrent seuls vers la grande et solennelle porte de bois.
- Monsieur Steiner Ludovic, vous êtes de nationalité française, mais résident Croate, votre proposition de reprise est au nom de la société « Slovania RTbox », dont le siège social est en Slovénie, et concerne la société « Phone Pro », immatriculée au registre de commerce de Laval. C’est bien cela ?
- Oui, monsieur le président, tout à fait.
La suite se déroula dans un long murmure qui traversa l’étrange assemblée de ces représentants du patronat local, qui s’étaient institués en juge de leurs pairs. Steiner attendait debout, presque impassible, et si l’un de ces magistrats d’opérettes avaient pu sonder ses pensées à ce moment précis, nul doutes que leurs regards auraient été beaucoup moins bienveillants.

C’est que la première fois qu’il s’était ainsi tenu devant la barre d’un de ces tribunaux. C’était pour se voir condamné à la faillite de sa petite affaire ; jeté à la rue sans ressources. L’eau avait coulée depuis, sous les ponts d’un pays en pleine déliquescence économique, et le pouvoir de ces petits juges là, ne tenait plus à grande chose. Pour racheter à vil prix une entreprise, promettre et laisser croire suffisait maintenant. Pour une simple lettre de crédit d’une banque off shore, ils pouvaient vendre leurs âmes au diable, et surtout les contrats de travail de leurs concitoyens.
Des mystérieux délibérés, il ressortit qu’il était le nouveau gérant d’un petit centre d’appels téléphoniques ; un « call-center » comme on disait. Une quinzaine de téléopérateurs, des bureaux en location et deux voitures de fonction en leasing. Il sortit dubitatif en compagnie de l’avocat.
- Merci pour tout, maître, vous n’oublierez pas de me facturer vos honoraires que je vous réglerai, dès réception. Pour la suite des événements, je vais demander à la gérante de bien vouloir se mettre en relation avec votre cabinet pour ce qui est des problèmes possibles avec les créanciers.
- Pas de problème, nous avons l’habitude, malheureusement par les temps qui courent, de ce genre de situation.
Ils se quittèrent à suivre et se dirigèrent vers leurs nouveaux bureaux.

Phone Pro était installé au premier étage d’un immeuble d’affaires, avec un centre de fitness au rez-de-chaussée. Après un regard amusé sur la plaque au logo flamboyant, ils grimpèrent prestement l’escalier et ouvrirent la porte correspondante, pour se retrouver dans un petit couloir désert. Quelques mètres plus loin, un local vitré d’où l’on apercevait une jeune femme casquée en pleine communication téléphonique.
- Bonjour !
- Oui, que faites vous là ? Vous avez rendez-vous ?
- En quelque sorte, oui !
Cela ne parut pas l’amuser et elle fronça directement des sourcils, dans le genre, je n’ai pas de temps à perdre.
- Bon et bien, on va chercher seuls, puisque vous ne voulez pas nous annoncer.
- Attendez, vous vous croyez où là ?
- Chez nous, bien sur ; dit il, sans rire.
A ce moment, de ceux qui font bien les choses, une femme se présenta, les bras chargés de dossiers, mal peignée et les lunettes de travers.
- Madame Grangé, peut être ?
- Oui, c’est pourquoi ?
- Mais pour vous rencontrer, chère madame, nous n’aurions fait tant de chemin sinon.
Elle devait être plus futée que la première employée, car elle sentit le danger immédiatement.
- Et vous êtes monsieur ?
- Ah, quel bonheur, enfin une bonne question ; Ludovic Steiner ; nous arrivons du tribunal de commerce.
Elle faillit lâcher les dossiers d’un coup !
- C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? Vous allez être enfin débarrassé de l’administrateur judiciaire. Ce sont rarement des gens sympathiques, non ?
- Bon, suivez moi dans mon bureau, enfin dans votre bureau ; fit elle avec un humour retrouvé.


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