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Wilderness __ Lance WELLER

Imprimé depuis: Guide de la bonne lecture
Categorie: Littérature
Nom du Forum: Critiques
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Date: 28 mars 2024 à 12:48
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Sujet: Wilderness __ Lance WELLER
Posté par: * Ça *
Sujet: Wilderness __ Lance WELLER
Posté le: 26 février 2018 à 12:20


Éditions Gallmeister, 2012                         
Traduit de l’américain par François Happe
335 pages
I.S.B.N. 978-2351-780596
Titre original : A Fine Balance
Publié par McClelland & Stewart Inc., Toronto, 1995



Je ne dirais pas au lecteur intéressé, de ne pas lire le résumé en dos du bouquin avant de se lancer dans cette lecture. Par contre, je dis qu’il ne faut pas prendre le tout comme une finalité. Ce résumé étant trop réductif.
Mais lire ce résumé peut permettre aux impatients de tenir le cap suffisamment longtemps pour saisir l’essence de l’histoire.


Je ne veux pas trop en dire pour ne pas nuire à l’attente qui croit au fil de la lecture. Ce que l’éditeur écrit en résumé n’est qu’un infime élément. L’histoire est tellement plus que cela. Tout comme dans l’expression « L’arbre qui cache la forêt ». Ce livre se découvre lentement, peu à peu on en ressent toute la puissance, et je vous assure que c’est l’une des histoires les plus dures, mais des plus magnifiques que j’ai lu à ce jour.

Le bouquin n’est toutefois pas sans défaut. Je dirais qu’il a surtout le défaut de ces qualités. L’auteur a du souffle et nous couple le souffle. Sa prose est tout simplement superbe, mais parfois _principalement dans le premier tiers du roman_ trop en recevoir nuit à la trame du récit. Il n’est pas toujours aisé de garder le cap. La verve de l’auteur semble inépuisable et tellement abondante que cela m’a donné un peu de difficulté à ne pas décrocher de l’histoire. La forme un peu déroutante au début, m’a rendu hésitante suffisamment pour me demander où ça s’en allait. Mais le texte est superbe, tellement beau et je vous assure que vous devez tenir le cap et continuer, car au bout du récit vous ne serez plus tout à fait la même personne.
Je tiens à préciser que certaines scènes sont très difficiles, mais que l’auteur n’en abuse pas. Elles sont parties prenantes de la trame et laissent une empreinte marquante. Je crois même que jamais un livre ne m’a autant touché. Des scènes parfois cruelles, mais d’autrefois auréolées d’une si éblouissante sensibilité. J’ai frissonné, j’ai eu des coups au cœur, des larmes aux yeux à certains moments, et je ne crois pas oublier ce livre de si tôt.

Pour résumer l’histoire en bref, je dirais que c’est le récit d’une vie d’homme. Sur fonds de Guerre de Sécession, la quête d’un homme pour comprendre ou parfois donner un sens aux événements tragiques qui jalonnent sa route dans un décor naturel majestueux. Roman très sensible.

Pour moi qui ne l’attribue que rarement, et malgré les petits reproches que j’ai pu lui faire, c’est un cinq étoiles assurément. Auteur à suivre très certainement.





Quelques extraits que je trouvent magnifiques, à surligner pour les curieux ...

Il se tenait maintenant sur cette vieille terre rouge pour laquelle il s’était battu, puis avait dû se battre à nouveau. Les os courbés de cages thoraciques s’élevaient au milieu des herbes comme d’étranges plantes, tandis que des crânes gris, sans yeux et muets souriaient, parsemés dans les feuilles mortes comme des pierres.

Ils passèrent la matinée à creuser la terre riche en humus et encore humide après les pluies. Tout autour d’eux s’élevaient les senteurs douces et attrayantes du printemps – les effluves épicés des vieilles feuilles, le parfum des fleurs sauvages, la riche exhalaison de la terre retournée. Ils sentaient même l’odeur du soleil et imaginaient déjà les longues journées de chaleur qui s’annonçaient, si bien que ceux d’entre eux qui étaient fermiers avaient le mal du pays et ceux qui étaient amoureux se languissaient de leur petite amie.


Ce matin-là était rempli de chants d’oiseau et les branches étaient traversées de rayons de soleil pâles et obliques, si bien que la lumière éclatante s’étalait sur les feuilles et qu’une légère vapeur s’élevait de la mousse sur le sol de la forêt. Ce matin-là le soleil faisait briller la rosée comme des perles minuscules enfilées sur la résille délicate et précise des toiles d’araignées. Ce matin-là il flottait dans l’air une odeur de soleil, de chaleur et de toutes les bonnes choses en train de pousser.









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*** Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux _ J.Renard

*** Les gens qui ne rient jamais ne sont pas sérieux _ Alphonse Allais





Réponses:
Posté par: * Ça *
Posté le: 26 février 2018 à 12:34

Je voudrais préciser que même si la Guerre de Sécession est présente dans le récit, ce n'est que partiellement.
Surtout ne pas croire que c'est une histoire de guerre, même si l'essence de la bataille de la Wilderness est comme un tatouage indélébile sur la trame du récit.





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Posté par: Grominou2
Posté le: 26 février 2018 à 14:59
Mince alors, tu m'intrigues! Je vais voir s'il est dispo en bibli!

Edit: Vérification faite, la VO est en prêt numérique à la BAnQ. Je l'ai donc ajouté à ma LAL numérique!

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Grominou

Mon blogue de lecture: http://jai-lu.blogspot.ca - http://jai-lu.blogspot.ca


Posté par: denis76
Posté le: 26 février 2018 à 23:17
c'est rare chez toi


Posté par: * Ça *
Posté le: 27 février 2018 à 07:31

Super ça Grominou. Lire la version originale va montrer exactement le talent de l'auteur.
Peut-il arriver qu'un traducteur sublime la plume d'un auteur? Si on le dit pour Stefan Zweig...



En effet Denis, c'est assez rare que je donne cette note. D'autant que le bouquin n'est pas selon mes critères du moins sans défaut. Mais la beauté de l'histoire dégage tellement que ça transcende tout.







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Posté par: Grominou2
Posté le: 27 février 2018 à 09:05
Message posté par * Ça *


Super ça Grominou. Lire la version originale va montrer exactement le talent de l'auteur.
Peut-il arriver qu'un traducteur sublime la plume d'un auteur? Si on le dit pour Stefan Zweig...



C'est très rare en effet. Alberto Manguel dans Une Histoire de la lecture donnait l'exemple du classique anglais The Monk, qui serait meilleur dans la traduction d'Antonin Artaud.

Je ne savais pas qu'on disait cela de Zweig!

Pour les livres qui parlent de la nature comme ici Wilderness , ce que je n'aime pas dans les traductions faites en Europe c'est que les noms d'animaux et de plantes sont parfois farfelus. C'est l'expérience que j'avais eue avec Une Année à la campagne de Sue Hubbell. Heureusement que le reste de la traduction était correct par ailleurs.

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Grominou

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